par le pasteur Christine Leis
« Et l’Eternel le bénit, là… » (Genèse, 32,30)
Le sujet proposé aux réflexions des paroisses et des synodes pour 2014-2015 n’est pas de ceux qui laissent indifférents : la bénédiction. Y a-t-il tant à dire sur cette courte formule qui clôt le culte ; que le pasteur varie à l’occasion, mais dont le sens reste le même : nous renvoyer vers notre quotidien, munis de cette « bonne parole » au sens propre, de la part de Dieu ? Pourquoi travailler sur cette évidence que « Le Seigneur nous bénit et nous garde » ? Les évidences doivent le plus nous interpeller, justement pour aller plus loin que l’évidence ! Car nous sentons bien que cela va plus loin… Ne serait-ce que la fréquence et la variété des formules, des gestes, des circonstances, où, tout au long de la Bible, intervient une bénédiction, comme celle, presque arrachée par Jacob après sa nuit de lutte avec l’Ange.
La bénédiction : qui la donne, et à qui, et quand ? Dieu bénit, mais il est aussi l’objet des bénédictions des hommes, qui font de lui « le » Béni par excellence. Les hommes bénissent, de la part de Dieu, et notre Eglise d’aujourd’hui et de demain a pour mission d’annoncer au monde cette bonne parole, ce souhait d’un « bien » sincère et effectif sur la vie de chacun. Nous le faisons sans nous en apercevoir, par un « bonjour », ou « bon voyage »… L’Eglise donne à ses bénédictions un caractère plus solennel : non qu’elle doive se refuser à être elle-même de ce quotidien si simplement humain. Mais la Parole qu’elle porte la dépasse et elle n’en est que la dépositaire. La gardienne, peut-être, mais pas la propriétaire, pour se dispenser de se laisser interpeller sur la façon dont elle est appelée à bénir.
Bénir qui, comment, pourquoi ? L’Eglise de Jérusalem reproche à Pierre d’avoir fréquenté et baptisé le centurion Corneille et sa maisonnée, jusqu’à ce que l’apôtre raconte que c’est l’Esprit-Saint qui a pris l’initiative (Actes, 11, 1-18)). De même que l’Eglise primitive doit se laisser bousculer par l’accueil des païens, nos Eglises ont à le faire par rapport à l’accueil de personnes venues aussi chercher une bénédiction : « bonne parole » et/ou solennité. Si elle n’est pas au centre des réflexions dans nos paroisses puis nos synodes, la bénédiction des couples de même sexe en fera partie. C’est un sujet délicat et toutes les réactions seront à écouter avec respect, sérénité, et fraternité, sans anathème, que ce soit dans le sens de l’adhésion ou d’un rejet fort.
Plus que jamais, il faut nous en remettre à la prière : pour ne pas devenir pour les autres un sujet de tristesse, ni une occasion de chute. Pour ne pas perdre de vue Celui qui est le centre et le but de notre vie d’Eglise. : « Le Christ : son corps tout entier bien ordonné et cohérent, grâce à toutes les jointures qui le soutiennent fortement, grandit, dans la mesure qui convient à chaque partie, et s’édifie lui-même dans l’amour » (Ephésiens, 4,16).
Prier pour ne pas devenir pour les uns ou les autres, une tristesse ou une « occasion de chute », mais dans le respect des convictions et des sensibilités de chacun, s’édifier ensemble dans la foi « Ephésiens).